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Le corbeau et le serpent

Un corbeau sur la ramée

Avait faim, l'estomac creux; 

La vue et l'ouïe déformées

Par un hiver ténébreux. 

 

"J'échangerais un empire

Contre du blé ou du mil.

Ce mal affreux est bien pire

Que n'importe quel exil."

 

Il s'envole et part en quête

De quoi combler l'appétit 

Dont est otage sa tête 

(Le jugement en pâtit).

 

Enroulé, noueux, superbe,

Suivant de l'eau le conseil,  

Un serpent couché dans l'herbe

Prenait un bain de soleil.   

 

L'oiseau de mauvais augure 

N'est pas aigle pour autant...

Mais ses boyaux le torturent,

Hélas, depuis trop longtemps... 

 

Que cache un objet qui traîne?

Un reptile qui s'endort,    

Est-ce vraiment une aubaine?

Bien réchauffé un trésor?

 

Le serpent n'est pas que ruse! 

Parfois pour sauver sa peau,

C'est de ses dents dont il use.    

Ainsi mourut le corbeau.